Les temps sont aux remises en cause et les consommateurs se questionnent de plus en plus sur les articles qui remplissent leurs caddies. Qu’il s’agisse de boites en carton, plastique, métal, ceux-ci ne font plus partie de l’ordre de la normalité ni de la nécessité. Pour preuve, l’explosion ces 4 dernières années des ventes de « vrac hors frais », passant de 100 millions d’euros en 2013 à 850 millions en 2018. Et même si elles représentent toujours moins de 4 % de la consommation globale, le vrac à un bel avenir devant lui. Et ceci pour 3 raisons principales :
- L’éco-responsabilité : les consommateurs ont pris conscience de leur impact sur l’environnement et cherchent à limiter leurs déchets et notamment leur déchet packaging
- La re-sociabilisation de l’acte d’achat : le vrac offre une relation plus intime avec le produit, mais également avec les commerçants, loin des grands supermarchés impersonnels.
- L’innovation : elle permet d’optimiser le stockage, le transport, la conservation et l’utilisation des produits
L’éco-responsabilité : l’absence présente du packaging
La disparition du packaging n’a jamais signifié que son rôle était abandonné. Sa fonction sémiologique, porteuse de valeurs est plus que nécessaire, sans oublier de mentionner son utilité comme barrière naturelle, plus qu’obligatoire en ces temps de pandémies.
Ainsi le jeune designer Thomas ARCANGELI imagine un contenant de vrac en toile de jute, équipé d’une membrane bio-septique permettant l’accès tactile à la denrée, tout en interdisant un contact bactériogène.
Design T. ARCANGELI / Département PRODUIT / pour CREAPOLE / Teacher VIARD
La re-sociabilisation de l’acte d’achat : j’achète donc je suis
En centralisant ses d’achats au sein de grands centres commerciaux, la société moderne a coupé contacts avec les acteurs du monde alimentaire. Retrouver un esprit de food-communautarisme, c’est re-cimenter le corps social.
Ainsi le designer Dylan BARRAULT conçoit pour le concours Michelin 2021, un market-truck renversant la relation d’achat entre les particuliers et l’accès au vrac. Dans les déserts sociaux, en dehors des mégapoles urbaines, aller au-devant des personnes isolées et leur faire ré-intégrer le corps social, est aussi une mission du vrac !
Design Dylan BARRAULT / Département TRANSPORT / pour CREAPOLE / Teacher VIARD
Food design & innovations
Le vrac a de tout temps généré des innovations culinaires. La conservation au sel, au piment ou à la graisse en sont issus. De même, le stockage, dans un souci d’optimisation du volume a été génératif d’avancées majeures : la déshydratation des aliments par exemple en est l’une d’elle.
Dans ce souci d’optimisation du volume des stocks, l’université de Carnegie a travaillé sur le micro-sillonnage des pâtes alimentaires permettant un stockage sec à plat et une mise en forme lors de la cuisson. Une avancée é-pâte-ante !!
Design de l’Université Carnegie Mellon / USA
De son côté, l’Institut de Recherche Alimentaire Allemand (Bundesforschungsinstitut für Ernährung und Lebensmittel) a développé un concept permettant de vérifier les DLC des aliments, sous la forme d’un marqueur coloriel. Un simple regard renseigne sur l’état de fraîcheur des denrées.
DLC Follower by Bundesforschungsinstitut für Ernährung und Lebensmittel
Pour finir…
Toutes les communautés du food design prennent petit à petit le chemin inévitable de la vente en vrac.
Ainsi retrouve-t-on depuis peu Michel & Augustin en exclusivité chez Day by Day, 1er réseau d’épicerie en vrac. Une collaboration qui s’inscrit dans la continuité des engagements des trublions du goût pour promouvoir une consommation responsable et respectueuse de l’environnement.
La célèbre marque de cosmétique provençale, L’Occitane, se met elle aussi au vrac et développe des fontaines permettant aux consommateurs de remplir leurs contenants réutilisables de gel douche, huile de bain ou shampoing… Objectif : équiper 60 de leurs magasins au travers le monde.
Michel&Augustin chez DayByDay & l’Occitane
Le vrac est le signe émergeant d’un renouveau dans notre attitude de consommation : le désir de renouer avec la nature, de se reconnecter à l’authenticité des produits consommés, à nos commerçants et plus globalement à notre environnement.
Repenser le monde du conditionnement ne signifie pas le supprimer, mais au contraire le ré-intégrer dans un cycle vertueux de consommation. Alors, prêt à faire le pari du vrac ?
Vincent VIARD, Structural Design Manager